L’église des Trinitaires marque par sa simplicité et par son dépouillement. Cette impression est accentuée par l’absence totale de mobilier religieux à l’intérieur de l’édifice, depuis qu’elle a été réutilisée à des usages non religieux.
L’ordre des Trinitaires aurait été fondé au XIIIe siècle. À Metz, il s’établit dans un premier temps au faubourg de Mazelle, puis à l’extrémité de la rue des Clercs, aux environs de l’Esplanade aujourd’hui. En 1561, les religieux reçoivent de l’abbé de Gorze, le cardinal Charles de Lorraine, une demeure sur la colline Sainte-Croix, à l’emplacement de l’église actuelle. Ils y construisent un premier établissement en 1566. Le monastère et l’église sont reconstruits dès 1720. C’est cette église que nous pouvons aujourd’hui admirer dans la rue des Trinitaires.
Pendant la Révolution, les bâtiments sont nationalisés et affectés à l’œuvre de la Charité Maternelle. En 1803, l’ensemble des Trinitaires est confié aux protestants et devient leur lieu de culte. D’un établissement chrétien, il devient alors établissement protestant. Par la suite, le reste du couvent est détruit et l’église devient le dépôt des pompiers. Aujourd’hui, elle est incluse dans l’ilot du Musée de la Cour d’Or et sert de lieu d’exposition pour la Ville de Metz.
La façade de l’église présente une grande sobriété. Elle seule est en pierre de Jaumont, les autres façades étant en enduit. Elle est tripartite et s’élève sur trois niveaux. Des pilastres à chapiteaux ioniques sont disposés régulièrement sur la façade et marque ses trois travées. Le portail central est en plein cintre, il est surmonté d’une tablette saillante en arc surbaissé qui comporte un fin décor sculpté végétal. Au deuxième niveau, deux niches latérales, aujourd’hui vides, présentent un décor de coquilles Saint-Jacques. Au centre, on trouve un décor mutilé, très certainement pendant la Révolution Française, dans lequel on distingue encore une fleur de lys. Elle est encadrée d’une guirlande de fruits et de fleurs et surmontée d’une grande baie circulaire. Le troisième niveau, enfin, est souligné par un bandeau saillant. Il est très épuré mais comporte des pilastres à chapiteaux corinthiens et un fronton triangulaire où l’on peut lire la date 1720. Au sommet de l’église se dresse une croix. Le décor de guirlandes végétales et de coquilles Saint-Jacques, qui forme pratiquement l’ensemble de l’ornementation de l’église, est caractéristique de la période à laquelle elle a été édifiée.
À l’intérieur, la nef se compose de deux travées, délimitées par des pilastres. Au second niveau se trouve un mur aveugle qui porte un décor polychrome imitant un appareil de pierres blanches. L’église des Trinitaires possède une particularité, que l’on ne retrouve dans aucun édifice qui lui est contemporain : dans les angles occidentaux nord et sud de la nef, le haut des pilastres s’incurve pour se rejoindre en un seul chapiteau de style ionique. Du fait de ses usages désormais laïques, l’église a perdu tout son mobilier liturgique et semble donc beaucoup plus dépouillée que les églises qui servent encore de lieu de culte. On en trouve toutefois quelques traces, notamment l’empreinte de la chaire, à l’entrée droite du chœur, et de la tribune d’orgue, à l’ouest.